Je décide de montrer dans le cadre du festival qu’organise Garces le troisième moment de Séquence en trois plans. Par rapport aux souhaits de mon amie, une des protagonistes de la scène, les deux autres images qui composent la séquence dévoilent trop explicitement son visage pour être montré tel quel, figé sur une impression en grand format et montré à un ensemble d’inconnus. J’essaie de respecter au mieux les désirs d’anonymat des personnes que je photographie: parce que protéger leur identité, et contrôler la diffusion de leur image sont des positionnements réfléchis et des questionnements récurrents de leur quotidien. Il s’agit de ne pas prendre pour acquis une validation, de se questionner avec ces personnes sur les images que je montre en fonction des contextes de diffusion: image imprimé dans un lieu d’exposition d’art contemporain, projection au sein d’une école, festival féministe, ou production éditoriale. C’est aussi accepter de renoncer à montrer la plupart de mes images. Pour autant, l'idée de photographier des personnes qui auraient des envies de diffusion plus similaires aux miennes, c'est -à -dire en accord avec certaines structures artistiques institutionnelles, ou à travers un réseau éditorial, ne prend pas le dessus. Même si cela parait un peu inadapté, c’est de ces amies et de ces moments que je veux continuer de faire des images: montrer encore et encore les moments d’écoute qu’on s’accorde à privilégier, les différentes maisons que nous avons construites, les barrières qu’on pose contre la fatigue, les astuces qu’on échafaude, et la réactivité avec laquelle on circule pour prendre de l’air dès que cela devient nécessaire. C’est cette obstination qui témoigne de l'impératif d’enregistrer les chroniques de notre amitié, et ce sur le long terme .

04/03 - 31/03/2023 a l'Agent troublant, Marseille.

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